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Trois frères dans la Grande Guerre
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21 avril 2014

La chanson de Lorette

       Une petit question, anodine ... une petite question sans beaucoup d'interêt mais une petite question têtue qui semble éprouver un malin plaisir à refaire surface aux moments les plus incongrus : l'ont-il fredonnée, ces hommes,  l'ont-ils chantée à pleine voix, avec leur accent venu de l'Est, des Vosges ou du Doubs, leur accent du Lyonnais ou de Savoie, celui de la Haute-Loire, celui du Cantal, l'accent du midi ou même des inflexions d'outre-méditerranée, cette chanson de Lorette ?

  Chanson de Craonne, chanson du fort de Vaux, chanson de Verdun ... Construite par les soldats eux-mêmes sur un air à la mode, figée en 1920, dans la version qu'on connaît actuellement, par Paul Vaillant-Couturier, elle s'est peu à peu élaborée au fil des ans, au fil des champs de bataille, mais la première version attestée est celle qu'on chantait en  Artois en 1915, la chanson de Lorette. " Complainte de la passivité triste des combattants " comme la sous-titrent Paul Vaillant-Couturier et Raymond Lefebvre dans leur ouvrage " La guerre des soldats " ou chant où au contraire frémit la révolte ?

  Et si cette petite question ne cherchait par son obstination qu ' à nous convaincre de son importance ? Si elle n'était pas si petite ? Si en la posant, on en venait finalement à LA question majeure, à laquelle ne répondent que très rarement les sources officielles : qui étaient ces hommes ? Qui étaient Didier, Béroud, Charvoz ? Qui étaient Morel et Guéry ? Cressent, Rmadi, Besson ? Août et Pasteur ? Révoltés ? Résignés ? Patriotes convaincus ? Parfois l'un, parfois l'autre ? Qui étaient-ils ?

  Alors, ami lecteur, patient et attentif, à défaut de réponse et dans le doute, si le coeur t'en dit, supplée dans l'ombre à mes insuffisances vocales et chantonne-la pour eux, cette Chanson de Lorette que voici :

 

Quand au bout d'huit jours
Le r'pos terminé,
Nous allons reprend' les tranchées,
Notre vie est si utile
Car sans nous on prend la pile.
Oui, mais maintenant
On est fatigué
Les hommes ne peuv' plus marcher
Et le coeur bien gros

Avec des sanglots
On dit adieu aux civlots.
 
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Lorette, sur le plateau,
Qu'on doit laisser not' peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !
 
Huit jours de tranchées,  
huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
C'est enfin la relève
Que nous attendons sans trêve.
Quand avec la nuit, dans le profond silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre,
sous la pluie qui tombe
Nos petits chasseurs viennent chercher leur tombe.
 
C'est malheureux d'voir
sur les grands boulevards
Tant d'cossus qui font la foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la même chose.
Au lieu de s'promener,
tous ces embusqués,
F'raient mieux de venir dans la tranchée
Tous nos camarades
Sont étendus là
Pour sauver les biens de ces messieurs là
 
C'est à votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau !
 

Sources : CRID 14-18, Collectif Artois 1915

Un grand merci aux intervenants du forum pages 14-18, notamment à Jérôme Charraud

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Commentaires
C
bon ser<br /> <br /> merçés per aqueth messatge mercés per tot<br /> <br /> adischats<br /> <br /> cristian
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